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Pourquoi le dessin animé japonais ?

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Pourquoi le dessin animé japonais ? Empty Pourquoi le dessin animé japonais ?

Message  Kaspa Ven 3 Oct - 13:44

Les séries et longs métrages qui ont été diffusés en France sont plus ou moins intéressants, plus ou moins originaux, mais ils ont tous laissé des traces. Comment ce phénomène a-t-il fait pour fonctionner ?
Les gens dans leur ensemble n’ont pas compris la portée qu’ont eu les premiers animes sortis en France. Ils ont été l’un des premiers et plus puissants vecteurs de passion spontanée auprès de la communauté infantile .
C’est un fait, la série animée japonaise a eu un vrai succès parmi les jeunes et les plus jeunes. Les termes spécifiques à l’animation japonaise (anime, OAV, Otaku) sont connus par presque tous ceux qui ont actuellement entre 12 et 35 ans. Un tel engouement spécifique à la France (et en partie à l’Europe) nous pousse à étudier et enquêter afin de pouvoir le comprendre. Cette passion pour l’anime et le manga, qui persiste, n’est pas la dernière des motivations qui pousse les étudiants à s’inscrire aux Cours de Langues et Civilisations Orientales en Japonais .
La sensibilité et les centres d’intérêts varient de personne à personne et de génération en génération. A présent, les animes et les cartoons sont assez biens accueillis en France. Les critiques ne sont plus toutes négatives. Elles ne sont pas là seulement pour évaluer le mérite, mais également pour souligner quelques différences de fond entre les animes japonais et les cartoons américains.
Le fait est que : “ pour Disney, l’Art est avant tout l’art de communiquer […] Mais, comme c’est dans les règles disneyennes, tout doit être évident, exprimé, résolu : on ne s’intéresse pas à l’inconnu, l’obscur, l’inconnaissable, on éloigne tout ce qui est à comprendre, à pénétrer. Le jeu doit être clair, la règle aussi. Et c’est encore là l’ambiguïté disneyenne. L’art n’est-il pas quelque chose de secret, de caché, de non-dit, ce tremblement scellé entre les couleurs, les notes et les paroles ? La vie ne passionne-t-elle pas à travers ses vérités cachées à faire vivre les émotions les plus secrètes ? ”
Là est [mal dit] la grande différence entre l’anime japonais et le cartoon de type Disney. Alors que pour Disney tout est découvert pour divertir et plaire, et, [enlève une des 2 virgules, à ton choix] de préférence, sans troubler ni angoisser, pour les Japonais au contraire la force narrative trouve sa véritable raison d’être dans le non-explicite, dans la pause, dans le silence.
La culture japonaise s’est formée dans cette direction : ce qui est important et précieux est caché sous les plis des vêtements, derrière les cloisons coulissantes, dans les chambres les plus éloignées de la maison.
La magie et la profondeur du sens de la vie peuvent être cueillies seulement par celui qui sait voir au-delà des apparences, par celui qui a le goût du mystère et sait affronter le trouble, le dépaysement dû au caractère implicite des messages.
Les plus jeunes ne peuvent pas comprendre tous les messages et interpréter tous les contenus des animes. Ils sont parfois impressionnés devant certaines scènes violentes. C’est un point qui alarme habituellement les experts, psychologues et parents préoccupés, trop habitués à se dire que le dessin animé est fait “ seulement pour les enfants ” et ne prévoit pas plusieurs cibles, d’âges différents selon les thèmes et les formes narratives. D’autre part, y a-t-il une frontière nette entre le dessin animé pour les enfants et le dessin animé pour les adultes ? N’oublions pas qu’au sujet des livres Maxime GORKI s’est exprimé ainsi : “ Pour les enfants, il faut écrire comme pour les adultes, juste un petit peu mieux… ”. [source ??, page ??]
En France (comme dans les autres pays occidentaux) on croit encore très souvent, que le cinéma d’animation est destiné exclusivement aux enfants : parce que c’est ainsi qu’a été habitué celui qui a grandi sans entrer en contact direct avec les animes, assumant comme unique modèle et archétype la typologie disneyenne, sans s’apercevoir que “ Disneyland est bien l’endroit qui ne peut pas être la vie, qui est une contradiction et une intersection de forces diverses, désordonnées, qui se rencontrent, se croisent et changent de direction ”.
Au contraire, les histoires racontées dans les animes montrent que dans la vie il y a des tensions et des contradictions, que le “ bien ” et le “ mal ” ne sont pas aussi facilement séparables et reconnaissables, que les gentils ne le sont pas toujours et que les méchants peuvent devenir gentils. La dynamique et la multiplicité de la vie ne pourront jamais être entièrement enfermées dans un produit défini. Le discours pourrait être étendu à toute pratique qui comprend l’utilisation et l’interprétation des signes, dont l’utilisation de la ligne de démarcation alterne entre réalité physique et réalité représenté, objet et signe qui reproduit ou refait l’objet. Tout cela est remis en question dans les dessins animés japonais. Peut-on avoir une nouvelle approche du monde de l’animation japonaise, ouvert et compréhensible, qui nous amènerait à créer une véritable conscience critique et une réévaluation de ses contenus et des ses motifs fondamentaux ?
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Message  Kaspa Ven 3 Oct - 14:01

Pourquoi le dessin animé japonais ? Un passionné répond ainsi : “ C’est quelque chose que tu sens dans ton sang […] C’est comme une partie de toi même : tu as grandi avec ces choses. Dans les années 60, les gens grandissaient au rythme du Rock ‘n’ Roll, dans les années 80, on a grandi avec les dessins animés . ”
Cette réponse peut avoir une valeur suggestive pour l’étude du dessin animé japonais. La raison objective ce serait la volonté de comprendre ce qui émerge d’une histoire faite d’images en mouvements.
L’animation japonaise peut-elle être considérée comme un art populaire ou tout simplement une japoniaiserie ? C’est une question souvent posée. En réalité, il s’agit d’un nouveau langage visuel, éloigné soit du maniérisme disneyen soit du côté simpliste d’Hanna-Barbera. Les images se succèdent avec une extrême rapidité, les pauses sont dilatées dans le temps, les sentiments exacerbés, la narration hyperbolique, les couleurs criardes. Pour le comprendre, il faut se référer à sa culture d’origine.
Le Japon aime l’image. C’est visible à travers la vision [répétition] qu’on a de grandes villes comme Tokyo avec ses rues lumineuses et colorées. Cette image nous est renvoyée également par les dessins animés qui sortent en France. Même une œuvre comme Akira, qui est censée représenter la ville de Tokyo après une guerre nucléaire, est pleine de couleurs flashies [langage trop familier]. Le Tombeau des Lucioles qui est un drame est également présenté avec des couleurs vives.
Pourquoi parler de la couleur ? “ Dans un dessin animé japonais, c’est par la luminosité et la couleur que l’on reconnaît sa qualité. ” déclare Hayao MIYAZAKI qui précise également que la japanimation est spécifique aussi dans la représentation des yeux, de la bouche, des cheveux, dans le travail du décor. Pour lui, les œuvres nippones sont spécifiques à son pays et parlent avant tout aux Japonais. Les Français ont du mal à accepter l’anime.
En 1991, au moment de la sortie de Nadia, l’animation japonaise est cantonnée aux seconds rôles dans les programmes jeunesse au profit d’autres programmes comme les sitcoms et les soap opéras [définition] pour adolescents. Les chaînes ne veulent plus de l’animation nippone qui leur donne une image déplorable et souhaitent que les jeunes s’y intéressent moins. Peut-être, c’est à cet effet qu’ils ont programmé une série comme Nadia à des horaires inadaptés et qu’ils l’ont censuré sans ménagement. La série sera rapidement oubliée par les jeunes spectateurs.
A la même époque naissent en France, la revue Anime Land et les premières expos dédiées au manga. Les responsables de celles-ci vont prendre des personnages comme Nadia pour promouvoir l’animation japonaise. En dix ans ils vont réussir à démontrer que cette relecture des romans de Jules VERNE a du charme et doit être redécouverte.
Aujourd’hui Nadia est appréciée par les amateurs de Manga qui voient en cet anime la genèse du son renouveau auprès du public français. Elle fait partie de ces séries qui sont souvent représentées dans les Japan Expo, les Cartoonist et autres conventions liés à la japanimation.
Les expositions en question sont un bon baromètre pour comprendre le phénomène de la japanim’ et de ses passionnés. On y voit le côté commercial avec ses ventes de vidéos, d’affiches, de goodies, de CD, de bandes dessinées et d’objets divers liés à la culture manga japonaise ; mais également la création artistique avec la présence de dessinateurs qui parlent de leur œuvre.
Le public qui s’y trouve est surtout jeune (entre 12 et 35 ans). Ce sont pour la plupart des passionnés. L’ambiance est parfois délirante, parfois commerciale, parfois ludique, parfois nostalgique, parfois drôle et parfois consensuelle… mais rarement ridicule, même si on voit des trentenaires déguisés en Sailor Moon, Dragon Ball, Albator ou Goldorak se promener dans le salon.
Les visiteurs et organisateurs de ce genre de manifestations sont fréquemment critiqués par les médias qui les considèrent comme des “ retardés ”.
Le problème a évolué par rapport à il y a dix ans. Avant les parents ne voulaient pas que leurs enfants regardent les dessins animés nippons parce qu’ils ne les considéraient pas aptes pour eux. Aujourd’hui la société méprise les jeunes qui regardent ces mêmes dessins animés, en les définissant d’“ adulescents ” , car elle ne les considère pas aptes pour les adultes. Reste que ce phénomène profite à de nombreuses personnes : M 6 lance des soirées parisiennes, les Manga Nights, des éditeurs ressortent des vieux titres du placard, des compilations se multiplient chez les disquaires…
En interrogeant les jeunes d’aujourd’hui (voir sondage) on s’aperçoit qu’ils apprécient l’animation japonaise, mais que leur intérêt envers elle diminue avec l’âge et l’entrée dans le monde du travail.
On peut se demander si l’opinion favorable sur l’animation exprimée par la majorité des interviewés est la conséquence d’un phénomène de mode ou d’une véritable qualité artistique, mais il faut reconnaître que l’anime japonais semble n’avoir pas de limite dans la création. Les seules contraintes sont le temps et l’argent.
Le temps, car c’est ce que demande impérativement la direction des studios. Un anime passe une fois par semaine à la télévision, et l’auteur n’a pas le droit à un bouclage en retard sous peine de se voir retirer toute possibilité de créer.
L’argent, car un anime doit être rentable pour exister. Même si on a à faire à un dessin animé “ sado masochiste ”, s’il a du succès, il continuera d’exister et son créateur avec. Si une série d’animation d’intérêt public ne marche pas, elle sera aussitôt retirée de la scène et on n’entendra plus parler de son auteur.
On est dans un monde matérialiste où l’argent est roi. L’anime n’en réchappe pas. Son aspect commercial est évident aussi bien au Japon, que chez nous. Mais, au pays du Soleil Levant on n’a pas cette même vision qu’en France, où le commercial doit être séparé de la création artistique. Là-bas cela fait partie d’un tout car l’animation est une œuvre collective. Il faut que tout un système culturel et marchand se mobilise d’un même élan. On ne peut pas être génial tout seul. Il y faut des talents accordés, des énergies liées, des visions du monde et des sensibilités partagées.
Les studios doivent gagner plus, non seulement pour s’enrichir, mais aussi pour pouvoir mieux faire à la prochaine production. L’argent permet d’améliorer le matériel et les animateurs acceptent d’avoir un salaire modeste pour pouvoir créer plus et mieux.
Des artistes comme Osamu TEZUKA ont commencé en voulant faire une véritable création artistique. C’est quand leur œuvre est devenue célèbre qu’ils se sont transformés en industriels, tout en continuant à utiliser les moyens acquis pour continuer à faire de l’art.
Pourtant, le dessin animé japonais est encore très critiqué par les médias qui s’empressent de dire que même si Hayao MIYAZAKI c’est peut-être bien, il n’en reste pas moins que ses animes viennent du pays qui a créé l’“ horrible Goldorak ” et le “ détestable Ken ” . Il est facile de faire une réputation, il est plus difficile de la défaire.
Ce qui est choquant c’est la déformation qu’ont donné les journalistes au terme de “ japonaiserie ”, qui désignait l’admiration qu’ont eu les intellectuels français au début du 20e siècle pour la culture japonaise, en “ japoniaiserie ”. [Explique mieux. On ne comprend pas bien ce que tu veux dire]
Pourquoi une telle déformation d’un mot à l’origine positif ? Est-ce une façon de dire que contrairement à ce qu’ont fait les japonais au début du 20e siècle, ce qu’ils font aujourd’hui n’a rien à voir avec la culture ? Pour apprécier l’animation comme il faut, on ne doit pas la traverser avec des préjudices comme c’est souvent le cas en France et en Europe, car ce n’est pas une création dépourvue de messages, ni un simple divertissement.
Si l’intelligentsia française commence à le comprendre grâce en partie au Voyage de Chihiro, le public qui a grandi avec le dessin animé japonais ne se pose pas toujours la question “ culturelle ” car on lui donne matière à rêver.
On peut voir que certains animes comme les Mystérieuses Cités d’Or, Ulysse 31, Nadia le Secret de l’Eau Bleuee, les Chevaliers du Zodiaque, Princesse Mononoke ou les Chroniques de la guerre de Lodoss (pour ne citer que quelques exemples) sont de véritables plaidoyers passionnés pour le droit à la fantaisie, à l’imagination, au rêve dans un milieu où il n’existe plus. La plupart de ces animes sont des voyages initiatiques qui entraînent le spectateur vers le monde parallèle du songe.
En fait le dessin animé est un endroit où tout est permis et où tous peuvent trouver leur compte. Au-delà de toute polémique commerciale on est en droit de croire que son postulat de base peut se résumer ainsi : “ la création c’est la vie même. La seule façon de comprendre la création c’est précisément de perdre contact avec la réalité ”.
Et c’est dans ce monde privé de rêve que l’anime (et même Disney) a su se faire comprendre auprès de spectateurs qui sont en manque d’imaginaire.
Justement le rêve que le dessin animé japonais véhicule et est les valeurs qu’il représente pourraient être un sujet intéressant à approfondir.
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