Le dessin animé nippon est-il typique de la culture japonaise ?

L’appréciation du typique peut se faire selon deux critères pour le dessin animé :

 Il apparaît d’abord comme “ typique ” toute chose qui se donne comme un reflet du peuple qui la produit et la consomme ; typique donc, serait un dessin animé qui nous aiderait à comprendre le Japon, sa culture et ses mœurs. Dans ce sens, l’animation nippone est proche de cette définition pourvu toutefois qu’on sache décrypter les images et les dialogues : la condition des femmes et celle des salariés, la vie scolaire et la civilisation urbaine fournissent les thèmes de bien des animes.
Mais le miroir est parfois différent de ce que l’on peut imaginer : il ne faut pas confondre la peinture du réel avec la satire ou les fantasmes qui sont des représentations au second degré.
La violence, qui est souvent dans les animes et qui semble si choquante aux yeux des occidentaux, en réalité est très peu présente dans les rues de Tokyo.
La japanimation est libératrice. Ce type de création a pour fonction de permettre le défoulement collectif et d’empêcher le passage à l’acte . L’animation aide à purger le pays des pulsions qui pourraient en menacer l’ordre social.
Les dessins animés pour femmes et jeunes filles surenchérissent dans le romantisme éthéré, procurant une évasion pas chère qui fait oublier un quotidien sans rêves. Tout comme les livres de la série Arlequin en France par exemple, même si dans ce cas le public enfant n’en est pas la cible. Le péril atomique est très présent dans le dessin animé japonais, notamment dans les animes mettant en scène un futur post guerre nucléaire. Dans d’autres dessins animés, on reconnaît les symptômes d’un Japon qui se rêve Occidental.
Le manga animé ne décrit pas toujours le Japon tel qu’il est, mais il matérialise parfois ses projections fantasmatiques.

‚ Les formes du dessin animé japonais sont-elles typiques ? Le mode d’inclusion de l’histoire à l’image, les codes idéographiques, la gestion de la séquence, la disposition des celluloïds sur l’écran, le travail des décors, l’utilisation de l’ordinateur obéissent sans doute à d’autres lois que celles de Walt DISNEY ou de Paul GRIMAULT.
Les ambitions et les références esthétiques ne sont pas les mêmes dans les pays occidentaux et au Japon, mais les animes sont moins “ exotiques ” qu’on pourrait croire. Le dessin animé japonais ne remet pas en cause les fondements du 10e art. Il ne modifie presque pas sa définition . Appliqués à la ‘japanim’, nos critères d’appréciation de la performance artistique restent pertinents.
Apprendre à connaître le dessin animé japonais serait-il le meilleur moyen de réécrire l’histoire d’un art, jusqu’ici critiqué, voire ignoré ? Car ne pas parler d’animation japonaise, ce serait amputer l’animation d’un de ses foyers les plus féconds.